« Enfin, la forêt. » se dit-il. Après avoir passé quelques heures dans une toundra désolante, un timide sourire éclaircit son visage pendant un bref instant, un instant si bref qu’il ne s’en aperçu même pas. Comment était-il arrivé ici ? Peu lui importait. Il se suggéra que se dut être en suivant un troupeaux de rênes. Ou de cerfs. Quoi qu’il en soit, il allait enfin quitter cette immense plaine déprimante. Son enthousiasme redoubla lorsqu’il aperçu des traces. Malgré son plaisir à être seul, la vue d’empreintes humaines – appartenants à deux hommes selon lui – à l’orée du bois lui apporta un vent de curiosité. Il a toujours adoré épier les autres peuples et tribus, voire parfois suivre des clans de nomades pour son simple plaisir Comme si ce n’était pas assez, l’occasion qui se présentait à lui devenait de plus en plus pétillante : il venait remarqué des éclats de métal. « Un combat. » se murmura t-il, sourire espiègle aux lèvres, stimulé à la vue du bout de fer scintillant. Un combat amical néanmoins. Aucune trace de sang apparente et les pas semblaient s’engouffrer dans la forêt. D’après lui, le duel opposait un débutant qui apprenait de quelqu’un de nettement plus habile. En effet, une arme en métal avait percuté une large pierre et sa pointe avait cassé sous le choc. Une profonde fente de vingt centimètres entaillait la pierre. Il n’en fallait pas moins pour l’occuper pendant quelques jours ou semaines.
Puisque les traces menaient vers la forêt, son élément de prédilection depuis ses 12 ans, il se réjouissait à l’idée de se trouver un arbre pour dormir ; traverser cette immense et interminable plaine semblait lui avoir pris une éternité et la fatigue martelait ses cuisses et ses mollets comme le bec d’un pic-vert affamé sur un arbre. Après s’être convenablement reposé et nourri, il partirait le plus rapidement possible à leurs traces. Un pétillement d’excitation étincelait son regard vif bleuté.
A pas feutrés, bien confortable dans ses bottes en cuir d’ours, il pénétra donc dans l’ombre que formait le feuillage des érables qui l’entouraient et tenta de ralentir sa cadence pour cacher son impatience. S’il était vu, son loisir pourrait soudainement être compromis, voire impossible à pratiquer. « Le calme avant tout », répétait une voix dans sa tête, « le loup agité fait rire le gibier ». Il n’a jamais su de qui venait cette voix qui le conseillait ; elle semblait à la fois familière et lointaine. Il s’efforçait de l’ignorer, mais elle lui était souvent utile. Il en avait d’ailleurs un jour parler à son seul ami, avant que celui-ci ne décède. Tous deux en avaient tiré la conclusion suivante : soit c’était son instinct qui se concrétisait dans son esprit, soit il s’agissait de vieux souvenirs oubliés qui tentaient désespérément de refaire surface. La première option lui semblait la plus plausible, même si les évènements de son passé lui faisaient parfois pencher vers le second choix. Tout était trop flou de toute manière.
Après une heure de marche lente, son instinct de chasseur lui fit sentir la présence de quelqu’un ou de quelque chose. Comme de fait, un bruit sourd parvint jusqu’à ses oreilles soudainement plus alertes. Aussitôt ouïe, il se réfugia derrière un buisson et tenta à travers les petites branches d’en trouver la source. Rien. Du moins, rien qu’il ne pu voir.
Edit : Il manquait une virgule...